Une petite sieste
Dans ce temps là de l’ancienne Chine ; un maître d’école particulièrement
sévère et exigeant pour ses élèves, s’absentait tous les après-midi. Il
se retirait dans sa chambre pour faire une petite sieste.
‒ Je suis de retour dans une petite heure. Faites vos devoirs ; à
mon retour vous en aurez le corrigé.
Mais un jour, un élève audacieux osa lui demander ce qu’il faisait
de si important pour les laisser travailler seuls ainsi.
‒ Vous n’aurez pas toujours un maître pour vous dire comment vous
devez agir. Travaillez sans ma surveillance vous apprend à faire par
vous-même.
Ce même élève audacieux s’esquiva de la classe pour voir ce que
faisait ce maître. C’est ainsi qu’il appris que le sujet de ces absences
était une petite sieste. Il ne manqua pas de lui demander pourquoi, lui,
il s’en allait dormir tous les après-midi.
‒ Petit impertinent, je vais dans le monde des rêves converser avec
nos grands anciens et m’instruire de leur sagesse : C’est ainsi que le
Grand Confucius lui-même agissait. Chaque nuit il s’en allait dans le
pays des rêves et le matin il enseignait à ses disciples la sagesse
qu’il avait reçue.
Mais, un jour où la chaleur et l’humidité pesaient sur toutes les
paupières, la classe somnolait et certains faisaient même une
petite sieste la tête posée sur leur pupitre.
Le maître d’école devint furieux quant il retourna dans la classe. Il leur ordonna de se redresser et de ne pas
s’endormir comme des cancres. ils deviendraient surement disait-il, des
paresseux oisifs.
L’un d’eux osa dire :
‒ Comme le faisait Confucius, nous avions tous rendez-vous avec nos
Grands Sages, dans le monde des rêves.
‒ Et quels enseignements vous ont-ils donnés ?
L’élève audacieux répliqua :
‒ Nous étions tous curieux de savoir si tous les après-midi notre
bon maître d’école était bien à l’écoute de leur sagesse. Ils nous ont
dit que jamais vous ne venez les visiter ; et même, ils ne savent pas
qui vous êtes !
Moralité : à quoi bon vouloir mentir à un enfant, lui, il sait
toujours que vous lui mentez. Les enfants vont et viennent comme ils
veulent de ce monde à celui des rêves ; leurs portes sont toujours
grandes ouvertes. Et puis les maîtres ont aussi leurs défauts...