La bougie
Elle regardait la flamme de la bougie. Discrète, vivante, attentive, frémissante comme un feu follet qui aurait dissimulé quelque génie . Elle attendait quelqu’un qui ne venait pas.
A cette époque de son existence cet ami attendu comptait beaucoup pour elle. Il représentait un chemin possible dans une clairière. Il restait un mystère, un monde à découvrir. Il lui enseignait des histoires étranges qui parlaient de vie et de mort avec beaucoup d’attention et de douceur. Il savait façonner sa jeunesse, sa féminité, lui ouvrir la voie, même si lui-même avait encore beaucoup à connaître. Elle savait au fond d'elle-même que cette relation n’était peut-être qu’un chemin de traverse, mais il n’avaient pas fini leurs conciliabules. Liberté, silences, retrouvailles, longs moments de partage constellaient leur relation comme un voyage initiatique qui offrait de nombreux sentiers. Pourtant il pouvait se passer des jours sans que l’un ou l’autre ne fasse signe, les silences prenaient du sens, ils engrangeaient des réflexions, ils cheminaient sans rien devoir.
Assise sur le tapis ce soir là, à la hauteur de la bougie, elle hésitait à l’appeler, mais ses pensées allaient vers lui, traversaient la flamme et se dessinaient dans la pénombre.Elle entendit le téléphone sonner, elle su aussitôt que c’était lui. Elle resta interdite se demandant qui de lui ou d'elle avait transmis à l'autre une pensée. La bougie brillait toujours dans le calme, et la petite flamme vacillait par moments sans qu'aucun souffle ne l'éteigne. Un quart d’heure plus tard l'ami vient frapper à sa porte.
Depuis, les flammes de bougies gardent pour elle la nostalgie
de cet instant, et suivant ses humeurs elle prend plaisir à en allumer ou préfère
les garder éteintes.
Les relations sont parfois comme des flammes de bougie, elles vous habitent encore longtemps après le deuil, fragiles elles se sont consumées, mais la lumière sur le chemin diffuse toujours un éclat de bonheur.
Feuille